
sculpture
J’ai probablement commencé à sculpter vers l’âge de 10 ans grâce à mon grand-père. De l’olivier, bois simple, odoriférant, facile à trouver dans le sud. De ses mattes sont sorties des pièces simples qui pourraient se rapprocher des sculptures préhistoriques mais il faudra attendre la coutellerie pour que je reprenne gouges et ciseaux.
Là aussi, une rencontre sera décisive : Serge Raoux et son talent d’orfèvre en matière de sculpture. Après une collaboration sur quelques pièces, je me suis équipé et j’ai appris à travailler l’ivoire, les cornes, les bois dur.
Parallèlement, je vais m’initier à la technique de la cire perdue pour pouvoir ensuite les fondre en bronze.
Évidement, je vais expérimenter la sculpture à la forge, mélange de travail au burin à chaud, de refoulé à la presse, de travail sur l’enclume et de soudure sous toutes ses formes, de l’arc au mig, tig, acetylène ; que de voies possibles…
Chaque expérimentation va m’envoyer vers d’autres découvertes et méthodes possibles.
bois
Pour ce qui est de la sculpture sur bois, j'utilise principalement du buis. Depuis des années, je vais le cueillir en automne et le laisse sécher le plus longtemps possible (1 an par centimètre). Lorsque je vais le couper sur place, je choisis des troncs bien droits de préférence sans branche et d'un diamètre de 50 à 100 mm.
Un autre de mes bois préférés et l'ivoire rose africain.
Pink ivory (l'ivoire rose) désigne le bois africain de couleur rose qui sert à la fabrication d'objets de luxe (comme certaines queues de billard onéreuses). Le nom dérive de sa couleur inhabituelle ainsi que de son exceptionnelle dureté et densité, dont les propriétés mécaniques s'apparentent plus à l'ivoire qu'au bois - ce bois a une densité d'environ 1000 g/dm³. L'arbre pousse essentiellement au Zimbabwe, au Mozambique et en Afrique du Sud.
L'ivoire rose est le "bois royal" des Zoulous. Il était seulement permis au chef de tribu et à ses fils d'en posséder. Toute autre personne (même étrangère) enfreignant cette règle, était punie de la peine de mort.
Dans les deux cas il s'agit de bois très dur, très serré avec un grain très fin. Le buis se patine de multiples façons et offre un rendu incomparable. J’utilise des outils électriques de type micro moteur pour dégrossir la pièce puis ensuite des ciseaux et des gouges de différentes tailles que je fabrique à la demande en fonction de mes besoins.
bubu
fabrication
TORTUE
pinocchio
BAD WALL-E
"Bad Wall-E" est une sculpture en buis qui détourne l’icône du robot Pixar en une figure sombre et grinçante, entre écologie dévoyée et mélancolie post-industrielle.
"Bad Wall-E" est une petite sculpture en buis de quelques centimètres, finement détaillée, qui réinterprète le robot emblématique de Pixar dans une version plus sombre et introspective. Bien que j’étais adulte à la sortie du film, WALL·E a ravivé en moi une part d’enfance silencieuse — un mélange d’émerveillement et de mélancolie. Son œil, sculpté dans du buffle et incrusté de corail rouge, reflète cette tension fragile entre tendresse et désenchantement.
"Bad Wall-E" is a small boxwood sculpture, just a few centimeters high, finely detailed, offering a darker, more introspective reinterpretation of Pixar’s iconic robot. I was already an adult when the film came out, yet WALL·E awakened a quiet part of my childhood — a blend of wonder and melancholy. His eye, carved from buffalo horn and inlaid with red coral, reflects that fragile tension between tenderness and disillusion.
Bad Wall-E - Buis - 2023
Bad Wall-E - Buis -2023
Wall-E - Buis - 2023
Wall-E - Buis - 2023
Wall-E - Buis -2023
Wall-E - Buis - 2023
NINGOUIN
P’TIT NINGOUIN
métal
Pour ce qui est des sculptures en métal, j'ai deux grands axes : dans le premier cas je vais utiliser la forge puis très souvent la soudure, que ce soit TIG, MIG ou arc pour pratiquer les assemblages. Ce sont généralement des pièces de grande taille en version unique.
L'autre versant de mon travail est de réaliser par fusion des sculptures issue des pièces que j'ai pu fabriquer en bois ou en ivoire. Ce sont donc la plupart du temps des pièces de 1 à 10 cm maximum. Je vais utiliser la technique du sable ou de la cire perdue et les couler en bronze, laiton, cuivre ou maillechort en fonction de l'effet recherché.
C'est très souvent de la photo que me vient l'inspiration d'une sculpture. Et lorsque je travaille une pièce, je vais toujours imaginer des passerelles qui vont me permettre d'aller vers une autre technique. Du bois au bronze ou du bois ou métal comme pour Bad Wall-e par exemple. Je n'ai pas la prétention d'être un expert et je ne le souhaite pas. Maîtriser une technique est intéressant si elle me permet d'en développer de nouvelles et de s'ouvrir ainsi vers d'autres univers.
ivoire
Concernant l'ivoire il faut tout de suite faire une précision : l'ivoire d'éléphant sous quelque forme que ce soit est interdit au travail ou à la vente. Se référer au texte de la CITES.
Mais bien d'autres ivoires existent. Je citerai l’ivoire de mammouth, avec facture bien sûr, provenance Canada ou Sibérie. Les dents de phacochère (gros sanglier africain) que l'on peut trouver assez facilement et que des locaux appelle l'ivoire de brousse. Il y a de la dent de cachalot, la pointe de narval soumise à réglementation, la dent d'hippopotame très dure et recouverte de dentine, chacun doit vérifier la réglementation en vigueur dans son pays et s’y tenir de la manière la plus stricte.
Personnellement je n’utilise que la dent de phacochère très colorée avec de nombreux défauts qui rendent les pièces aussi uniques.
Comme pour le bois je vais utiliser un micro moteur pour dégrossir la pièce puis des gouges que je fabrique à partir d'acier hautement carburé. Là aussi, comme pour le bois je vais pouvoir polir et patiner chaque pièce ainsi fabriquée.
« Alien, d’après la saga cinématographique de Ridley Scott »
Alien - Ivoire de mammouth - 2024
Alien - Ivoire de mammouth - 2024
Alien - Ivoire de Mammouth - 2024
Alien
J’ai passé 42 ans dans le cinéma comme chef machiniste et forcément, certaines images me sont restées en mémoire. Parmi elles, l’une des plus marquantes : Alien, cette créature biomécanique conçue par le peintre suisse H.R. Giger en 1978, pour le film culte réalisé l’année suivante par Ridley Scott.
Quand j’ai décidé de sculpter ma propre version d’Alien, j’ai choisi une matière à la hauteur du personnage : de l’ivoire de mammouth, fossile, dense, d’une finesse de grain exceptionnelle. À l’origine, cette sculpture devait devenir le manche d’un push dagger — ce petit couteau discret utilisé à l’époque du western pour la défense rapprochée. Mais au fil du travail, il m’est devenu évident que la pièce devait exister par elle-même, sans lame, autonome, presque sacrée.
Il ne s’agit pas d’une reproduction exacte, mais de mon interprétation. J’ai voulu rester au plus proche de l’esprit insufflé par H.R. Giger et Ridley Scott. Et ce qui me touche le plus, à chaque fois que je la présente, c’est cette reconnaissance immédiate : chacun voit Alien. On ne s’attarde pas sur les détails, on ne questionne pas les proportions. L’essentiel est là — la présence, intacte, silencieuse, évidente.
Alien
I spent 42 years in the film industry as a Key Grip, and inevitably, some images have stayed with me. Among the most striking: Alien, the biomechanical creature designed by Swiss artist H.R. Giger in 1978, for the cult film directed the following year by Ridley Scott.
When I decided to sculpt my own version of Alien, I chose a material worthy of the character: mammoth ivory — fossilized, dense, with an exceptionally fine grain. Originally, this sculpture was intended to be the handle of a push dagger — one of those small, discreet knives used in the days of the Old West for close combat. But as I worked, it became clear that the piece needed to stand on its own — without a blade, autonomous, almost sacred.
This isn’t an exact replica, but rather my interpretation. I aimed to stay as true as possible to the spirit imagined by Giger and Scott. And what moves me most, every time I show it, is the immediate recognition it evokes: everyone sees Alien. No one fixates on the details or questions the proportions. The essence is there — present, intact, silent, unmistakable.
« Sparky : faire parler le V8 »
Sparky - Ivoire de phacochère - 2025
Sparky - Ivoire de phacochère - 2025
Sparky - Ivoire de phacochère - 2025
Sparky - Ivoire de phacochère - 2025
Sparky — Petite bougie, grand souvenir
Cette sculpture, réalisée en ivoire de phacochère, s’inspire d’une œuvre d’un sculpteur américain dont l’auteur m’est resté inconnu. J’ai voulu rester au plus proche de son travail, tout en y apportant ma touche personnelle, notamment avec des yeux en buffle noir ou en pink ivory rouge.
Cette série de petites bougies, que j’appelle « Sparky », est un hommage à un autre souvenir cher : ma vieille Oldsmobile Cutlass Coupé de 1962, équipée d’un moteur V8 3.5 litres, dont le rugissement évoquait le grondement puissant d’un moteur de bateau d’époque. Une voiture qui a marqué ma jeunesse et que je regrette encore aujourd’hui, à 62 ans.
Huit bougies, huit petits « Sparky » pour garder vivante la mémoire de ce moteur parfait, symbole d’un art de vivre que les jeunes d’aujourd’hui, trottinettes en main, peinent parfois à comprendre.
Sparky — A Small Spark Plug, a Big Memory
This sculpture, crafted from warthog ivory, is inspired by a work from an American sculptor whose name I never discovered. I aimed to stay as true as possible to the original piece while adding my own personal touch, with eyes made of black buffalo horn or red pink ivory.
This series of small spark plugs, which I call “Sparky,” is a tribute to another dear memory: my old 1962 Oldsmobile Cutlass Coupe, powered by a 3.5-liter V8 engine whose roar resembled the mighty rumble of a vintage boat engine. A car that marked my youth and one I still miss today, at 62 years old.
Eight spark plugs, eight little “Sparkys” to keep alive the memory of that perfect engine — a symbol of a way of life that today’s youth, riding electric scooters, may find hard to understand.
« Le Boulon : trompe l’oeil »
Le Boulon - Ivoire de phacochère - 2024
Le Boulon - Ivoire de phacochère - 2024
Le Boulon
Lorsque l’on choisit de sculpter une pièce en visant l’ultra-réalisme, il faut s’attendre à ce que chaque spectateur l’observe de très près. Et quand cette pièce est un simple boulon de 16, l’exigence est encore plus forte : tout le monde sait ce que c’est. Beaucoup l’ont vu, l’ont touché, l’ont utilisé.
Il ne s’agit pas ici d’une sculpture qui renvoie à l’imaginaire, ni à une figure de film, ni à un souvenir de lecture ou à une image poétique. Non. C’est brut. C’est concret. C’est un petit objet de métal, banal, sans mystère apparent — et pourtant, c’est là que réside toute la difficulté : parvenir à ce que ce fragment d’industrie, une fois sculpté, devienne un objet presque attachant, agréable à regarder, à manipuler, à laisser dans la main comme un talisman.
Il devient alors essentiel d’être au plus proche de l’objet original — dans ses proportions, dans ses détails, mais aussi dans ce qu’il raconte par son usure, sa patine, sa matière. L’enjeu, ici, n’était pas seulement de reproduire un boulon, mais d’en recréer l’illusion d’un vrai, légèrement rouillé, marqué par le temps.
Pour cette sculpture, j’ai utilisé de l’ivoire de phacochère, travaillé selon différentes techniques, afin de retrouver cette texture, cette densité, ce grain si particulier. Une pièce modeste en apparence… mais un vrai défi de précision.
Et puis, un peu plus tard, en la photographiant, quelque chose s’est passé. J’ai vu apparaître un lien direct avec une autre de mes passions : la photographie d’urbex — ces lieux oubliés, ces vieilles machines rouillées, ces objets en suspens, encore là pour quelque temps avant de disparaître. Cette pièce sculptée, pourtant si petite, semblait tout à coup sortie d’un de ces paysages abandonnés que j’aime tant. Et la boucle s’est faite, naturellement : deux passions, un même regard, porté sur ce que le monde laisse derrière lui.
The Bolt
When you choose to sculpt a piece with ultra-realism in mind, you have to expect that every viewer will look at it very closely. And when that piece is a simple 16-millimeter bolt, the expectations are even higher — everyone knows what it is. Most people have seen one, held one, used one.
This sculpture doesn’t draw from the imaginary. It’s not inspired by cinema, literature, or anything poetic. No — it’s raw. It’s real. Just a small piece of metal, with no mystery at first glance. And that’s exactly where the real challenge lies: making this little industrial fragment, once sculpted, become something appealing, pleasant to look at, to hold, to turn over in your hand like a pocket charm.
The goal was to stay as close as possible to the original object — in its shape, proportions, texture, and in the story it carries through its wear, its patina, its material. The challenge wasn’t just to replicate a bolt, but to recreate the illusion of a real one: slightly rusted, aged, and quietly present.
I sculpted it from warthog ivory, working it through several techniques to recreate the texture, the density, and that specific surface quality. A modest object, on the surface... but a real exercise in precision.
Then, later on, while photographing the finished piece, something clicked. It instantly brought me back to another passion of mine: urban exploration photography — those forgotten places, rusted machines, silent structures left behind but still standing, for now. This little sculpted object suddenly looked like it belonged in one of those abandoned landscapes I love. And in that moment, the connection became obvious: two passions, one gaze — both focused on what the world leaves behind.